Entretien : Les Confidences de l’artiste Oumou Dioubaté

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Grâce au bouillon succès de son album ‘’Femmes d’Afrique’’ sorti en 1997, l’artiste Oumou Dioubaté s’est fait connaitre dans toute la Guinée et ses périphéries. Cette grande figure de la musique mandingue nous a accordé une interview exclusive pleine de confidences. Sa musique, les moments fastes de sa carrière et son voyage à la Mecque, nous en avons parlé. Lisez !

Comment se porte Hadja Oumou Dioubaté ? Ensuite, parlez-nous de votre quotidien en cette période de pandémie de Coronavirus ?

Je me porte bien. Je suis à la maison. Mon quotidien c’est bien la prière et je m’occupe de ma famille.

Certains disaient que vous aviez promis d’arrêter la musique après votre retour de la Mecque. Confirmez-vous cette information ?

Je n’ai jamais dit qu’après la Mecque que je ne vais plus chanter. Je suis partie en 2008 à la Mecque. En 2010, j’ai fait deux albums ‘’Labayka’’ et ‘’Unité’’. Dans le premier, j’ai dit ceci : « Hadja Oumou, les gens te demandent que si tu vas continuer à chanter après ton retour de la Mecque ? » J’ai répondu dans la même chanson en disant que : «  si j’ai eu la chance d’aller à la Mecque, c’est grâce à la musique ». Puisque, la personne qui m’a amenée à la Mecque a dit que je suis son artiste préférée. Et c’est grâce à cela qu’elle m’a offert cette opportunité d’aller voir la Kaaba [le lieu le plus saint de la Mecque NDLR].

Je veux vous dire qu’à la Mecque, j’ai vu des artistes saoudiens chanter à la télé. Donc, pourquoi ne pas continuer à faire mon métier même étant Hadja ? [Femme partie au pèlerinage islamique NDLR]. Mais évidemment, il y a des tenues que je ne peux plus porter, je ne peux plus faire n’importe quelle chanson. Je dois choisir dorénavant ce que je dois dire dans mes chansons et faire passer de très bons messages.

J’ai aussi consulté beaucoup d’Imams sur cette question, celle de savoir si je dois arrêter la musique après la Mecque. Mais ils m’ont dit non, que « la musique n’est pas Harâm [le péché NDLR]. Mais que ça dépend de ce qu’on dit dans la chanson ». Alors, c’est pourquoi je continue jusqu’à présent à chanter. Mais en tant que Hadja, il y a des choses que je ne peux plus me les permettre.

Comment expliquez-vous le succès de votre album « Femmes d’Afrique »

La réussite d’un album dépend de ce qui est dit dans ses différents morceaux, c’est-à-dire, les messages véhiculés. Par exemple, la souffrance que j’ai dénoncée dans la chanson ‘’Moussolou sèguèni’’ amènera toujours les femmes enceintes à s’en souvenir. Il y a des hommes qui me disent aussi, que quand ils écoutent cette chanson, ils pensent à leurs mères ou à leurs femmes.

« Femmes d’Afrique » a été un opus qui m’a le plus marqué dans ma carrière artistique. La réussite de cet album a été une fierté pour moi et je n’arrive même pas à décrire ce succès. Pourtant, j’ai fait beaucoup d’albums mieux arrangés que « Femmes d’Afrique ». « Lancey » et « Moriba-djassa » sont aussi des titres que les femmes apprécient beaucoup et elles ne les oublieront jamais.

Quels sont les moments qui ont marqué votre carrière ?

J’ai eu assez de succès quand j’ai chanté « Moussolou sèguèni ». Le jour où j’ai chanté pour la première fois au Palais du Peuple de Conakry, cela m’a beaucoup marqué.  Je n’oublierai jamais aussi l’accueil qui m’a été réservé à Conakry le jour où je suis rentrée de la France. Franchement, c’était juste incroyable ! L’autre fait marquant  de ma carrière s’est produit au Mali, quand j’ai été invitée par la femme du Président de la République ATT. Là-bas, quand j’ai chanté « Moriba-djassa » toutes les femmes m’ont acclamé et c’était très émouvant.

Quelles sont vos ambitions  pour le futur ?

Quand j’ai fait l’album « No Stress », dans mon clip, je me suis délaissée, j’ai porté des perruques, des pantalons jeans, car  je voulais dire que je suis de retour. Je voulais montrer que j’ai toujours la force de faire de la musique. Mais après ça, j’ai été influencée. Car depuis que j’ai quitté la Mecque, à chaque mois de Ramadan, je passe les 10 derniers jours à la Mosquée (Litikhaf) pour implorer Dieu.

Lorsque j’ai fait ce dernier album « No Stress », je faisais Litikhaf avec une vieille qui m’a appelé un jour pour me dire ceci : « chaque fois tu viens faire 10 jours dans la  Mosquée et je vois comment tu t’es habillée dans ton dernier clip. La chanson n’est pas mauvaise mais, je ne veux plus que tu t’habilles de la sorte. Donc, ce conseil a cassé complètement mon élan.

Depuis lors, je ne sais pas comment faire maintenant. Je suis entrain de voir quel look adopté. Jusqu’à présent je n’arrive pas à me focaliser sur un look. Je suis en train de voir quel thème chanter qui correspond à mon statut et à l’Islam.

Avez-vous un projet d’album ?

Non ! Je ne fais plus d’albums, je n’’ai plus cette force. Mais je peux faire des singles pour montrer que je suis toujours passionnée.

Pour finir, dites-nous Hadja, quel est votre regard sur la musique guinéenne actuelle ?

Sur le plan international, je crois qu’il y a une ouverture pour les jeunes qui chantent maintenant. Ils peuvent aller loin. Mais par rapport à ce qu’ils racontent dans leurs chansons, je souhaiterai dire à cette génération de chanter ce qui peut rester dans le temps. Il ne faut pas que la chanson soit un feu de paille. C’est ce que je peux dire aux jeunes. Parce que nous, nous avons eu la chance d’être écoutés. Ce qui veut dire que si les artistes sont écoutés, ils peuvent donc éduquer.

Aujourd’hui, il y a des choses qu’on dit dans les chansons, c’est vraiment regrettable. il y a des morceaux que les parents ne peuvent pas écouter avec leurs enfants. Les jeunes doivent faire beaucoup attention. Le temps passe vite. Ils doivent bien choisir les textes qu’ils chantent. Moi par exemple : « Moussolou sèguèni », c’est tout ce qui concerne les femmes. Et partout on parle des femmes sur le plan musical en Guinée, on parlera forcément de Oumou Dioubaté. Ce n’est pas parce que je chante mieux que les autres, non, mais, c’est à cause du texte, que ce morceau continue à être écouté jusqu’à présent. Tant que les femmes tombent enceinte, la chanson « Moussolou sèguèni » va exister. C’est ça la musique. Vaut mieux faire une telle chanson que de faire des morceaux qui heurtent les sensibilités et nos meurs.

Merci Hadja pour cet entretien

Je vous remercie également.

Propos recueillis par Ibrahima Bah pour GCM.COM

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