C’est avec le HAFIA 77 que le football guinéen a écrit ses lettres de noblesse au firmament continental du sport roi. Depuis cette épopée mémorable, le football guinéen peine à retrouver l’élite continentale. Que ce soit au niveau des clubs ou de la sélection nationale, les sportifs guinéens n’arrivent pas à émerger. L’on se demande quelle malédiction frappe ce football qui pourtant mobilise des dizaines de milliers de jeunes amateurs. La réussite de quelques joueurs dans le professionnalisme européens, a engendré une forte illusion chez les jeunes qui veulent tous devenir footballeurs professionnels.
Mais au regard de la réalité, on se rend compte que le football guinéen, malgré quelques avancées significatives sur le plan continental, sa gestion souffre d’un manque de confiance en la capacité des jeunes évoluant dans les clubs locaux de première division. Pourtant la participation du syli local au CHAN a permis à la Guinée d’atteindre par deux fois la demi-finale. À chaque fois, c’est aux tirs au but qu’elle est éliminé. Contrairement à la constellation de stars au niveau de la sélection nationale, le syli A est toujours éliminé au 1er tour ou rarement au quart de finale. La FEGUIFOOT n’a jamais tiré les leçons de ces multiples déceptions causées aux supporters guinéens.
À chaque compétition, on commet les mêmes erreurs pour aboutir aux mêmes résultats. Cependant, l’Etat se saigne à des centaines de millions de francs pour entretenir cette sélection qui en fait n’apporte aucun résultat probant. À quel niveau doit-on situer cette responsabilité ? Au niveau des entraîneurs, de l’encadrement technique ou des footballeurs eux-mêmes ? Tant qu’on ne réussira pas réellement à situer ces responsabilités, les Guinéens ne cesseront jamais de pleurer leur défaite. En faisant une analyse rétrospective de cette sélection nationale, on voit une valse d’entraîneurs qui, au recrutement sont bombardés de tous les superlatifs mélioratifs possibles. Quand ils prennent la fonction, on ne voit aucun résultat. Ce fut le cas de Michel Dussier, Patrice Neveu, Paul Put et Didier Six, etc.
Le changement perpétuel de coach est elle la solution au problème ? Ce n’est pas évident. Depuis après la génération de Titi Camara, Pascal Feindouno, Salam Sow, Fodé Mansaré et compagnie, toutes les sélections qui ont suivi après ont manqué de caractère et de poigne. On a l’impression qu’il manque à ces jeunes footballeurs professionnels la fibre patriotique et la méconnaissance de ce qui signifie jouer pour son pays. Cependant, les jeunes locaux ont toujours réussi à mettre du baume aux cœurs des Guinéens en réalisant des prouesses inespérées au CHAN.
Au lieu de se livrer à des diatribes pour la gestion de la FEGUIFOOT, pourquoi ne pas songer à apporter une solution à ce problème qui met en mal le public sportif guinéen. Faut-il continuer à envoyer des joueurs qui ne font aucun résultat au détriment des jeunes locaux courageux peu exigeants et patriotes ? Il faut savoir que, là où le professionnel a peur de mettre son pied, le joueur local, lui envoie sa tête. L’un défend sa carrière, tandis que l’autre défend sa patrie.
Le constat de cette campagne des éliminatoires de la coupe du monde 2022 est décevant et alarmant. Trois rencontres pour trois matchs nuls et contre qui encore. Un footballeur doit être rigide, physique et athlétique, mais, quand il est mollusque et joue comme une vieille femme, on ne peut s’attendre qu’à un échec. Il faut avoir le courage de mettre sur pied un principe rigoureux pour appartenir à la sélection. Tant qu’on continuera à aller forcer les joueurs pour qu’ils viennent en sélection, tant qu’on continuera à défavoriser les locaux qui travaillent dur pour mériter la sélection, on ne verra jamais le bout du tunnel.
La FEGUIFOOT doit pouvoir assumer ses responsabilités en prenant le courage de renoncer à ces professionnels pour envoyer des locaux au charbon. C’est en forgeant que l’on devient forgeron. En moins de trois ans avec un effectif de joueurs évoluant constamment ensemble, l’on finira par avoir une véritable équipe nationale pour 2025 et non une sélection nationale.
Famany Condé
Analyste sportif