Aya Nakamura, « DNK » en mode solitaire

Spread the love

Elle est en passe d’atteindre le milliard de vues sur YouTube avec le titre Djadja. La chanteuse française d’origine malienne Aya Nakamura, sort un nouvel album intitulé DNK en référence à son véritable patronyme (Danioko). Un album dont le thème principal est la complexité des rapports amoureux.

Que s’est-il passé depuis la sortie d’Aya, troisième album de la chanteuse désormais star, sorti en novembre 2020 ? Un featuring de luxe chez Major Lazer (C’est cuit, avec le rappeur US Swae Lee), un single à 60 millions de vues (Bobo), une apparition sur la scène de l’Accor Arena avec Alicia Keys qui l’y invita pour un duo sur Djadja en juillet 2022 et un concert interactif dans le jeu vidéo Fortnite en octobre de la même année. Sans oublier un fait paramusical d’importance, sa naturalisation française en mai 2021.

Les fans qui attendaient depuis plus de deux ans le nouvel album voient donc leur patience récompensée avec DNK, référence non pas au Danemark comme le ferait croire une rapide recherche Google mais Danioko, son nom de famille en mode abrégé (après tout, Rockin’ Squat est bien devenu RCKNSQT).

Dès le premier titre, Corazon, on retrouve les fondamentaux de la chanteuse avec cette intro éthérée aux relents de kora auto-tunée suivie d’un beat afro électronique tout en retenue. L’actualité people de l’artiste entrant en clash avec la sortie de son album, on serait tenté de faire des paroles de ces 15 chansons un journal de bord de la séparation douloureuse qu’a connu Aya avec son ex, qui réalisa notamment le clip de Bobo, absent de ce DNK qui privilégie le thème de l’amour déçu, de la rupture avec l’être aimé.

Le morceau avec SDM, Daddy (même titre que le duo de SDM avec Booba, attention à la confusion), est une belle réussite, le rappeur faisant écho à la chanteuse en un duo sur l’incompréhension d’un couple à la dérive. SMS, produit par Shiruken Music & Hard Level, a comme un parfum de hit, aveu de faiblesse d’une femme qui fond en entendant la voix de son (ex ?) amant à qui elle demande encore une dernière chance.

Trois autres collaborations viennent épicer la voix Nakamura : le rappeur/chanteur portoricain Mike Towers qui apporte sa touche reggaeton lover sur J’ai pas peur, Tiakola, ex-rappeur du groupe 4Keus devenu artiste solo présent sur Cadeau, un autre discours amoureux mettant en scène un couple à la recherche de l’équilibre. Enfin, Kim, jeune chanteuse française dont le dernier album date de 2016, lui donne la réplique sur Chacun, encore une histoire de cœurs brisés.

Le zouk et l’afro sont les deux épices donnant au r’n’b synthétique d’Aya son arôme spécifique, avec quelques traces d’amapiano sud-africain sur Beleck, qui réutilise le mot qui a mis en PLS les linguistes, « catchana », popularisé par Djadja. Bloqué (aucun rapport avec le titre éponyme des Casseurs Flowters Gringe et Orelsan) parlera à toutes les femmes qui ont, elles aussi, bloqué leur ex sur WhatsApp, et là encore, on retombe sur une love story en fin de parcours, que le ton léger de la mélodie rendrait presque joyeux. La séparation vécue comme une libération ?

L’amour qu’on cherche, celui qui disparait, la veulerie des hommes et la complexité des rapports amoureux, telles sont les trames de ce disque dont les sons synthétiques ne dépayseront pas les habitués de celle qui représente désormais, au grand dam des grammairiens et des haineux, la chanson française à l’étranger.

« Je fais du Aya », répond simplement celle qui a impressionné Madonna comme Rihanna et est citée dans le reboot du Fresh Prince of Bel-Air quand on l’interroge sur sa musique. Une pirouette qui au fond résume bien l’originalité de cette artiste qui emprunte aux rappeurs l’arrogance de l’égo trip bien assumé (« Tu voulais me comparer aux autres, moi c’est le haut niveau, la grande Nakamura est trop loin », affirme-t-elle dans Haut Niveau) et qui taille sa route, indifférente en apparence aux multiples reproches qui lui sont fait depuis que sa carrière a pris un tournant international.

L’album s’achève sans surprise sur une dernière histoire de rupture, Fin, le glas d’une relation amoureuse sans espoir de retour (« Tu croyais que moi, j’étais attaché à toi/ Maintenant tu me dis pars mais je t’ai dit bye bye »).

En mai 2023, ses trois concerts (complets bien avant la sortie de l’album) à l’Accor Arena (Paris) seront l’occasion de voir si la jeune vedette de 27 ans tient la scène avec le haut niveau qu’elle revendique. En attendant, DNK est le nouveau témoignage d’une femme forte, puissante, populaire, mais désormais solitaire. Le prix à payer pour un succès planétaire ?

Avec RFI

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici