En séjour à Conakry pour mettre en place des projets pour son pays, notamment la construction d’une académie de musique traditionnelle, la rédaction de notre site internet, a rencontré l’artiste N’Faly Kouyaté.
A l’occasion de cette entrevue, le récipiendaire du prix Sékou Bembeya, de la 12ème édition du festival Jazz and Co, a livré ses impressions par rapport au niveau de la musique Guinéenne dont les jeunes ont tendance à négliger l’importance des instruments traditionnels au profit de la modernité. A cet effet, il conseille aux jeunes artistes Guinéens de favoriser plutôt la promotion de la culture Guinéenne qui peut leur permettre de se distinguer dignement aux autres artistes.
« La nouvelle génération est en train d’évoluer à sa manière. Je crois qu’il faut faire la part des choses entre la musique alimentaire et la promotion de la culture. La musique alimentaire, c’est le plagiat, c’est copier ce qui est toujours à la mode, tel que le coupé-décalé et autres pour avoir de l’argent facile et rapide. Or la musique de la promotion de la culture, ce sont des artistes qui essaient de perpétuer la tradition avec les instruments de notre pays. Certes, ils ont beaucoup de peine à avoir la même somme financière que les autres à l’immédiat, mais à long terme c’est cette musique faite à la base des instruments traditionnels, qui finira par s’imposer dans la durée », dit-il avant de poursuivre.
Même si nous faisons du rap, si nous n’utilisons pas les instruments traditionnels on ne se distinguera pas par rapport un américain, parce qu’on ne pourra jamais râper ou faire le jazz plus qu’un américain ou un français. Mais la seule différence qui peut nous permettre de pouvoir se distinguer des autres, c’est les instruments traditionnels et c’est très important. J’en ai parlé avec beaucoup d’artistes guinéens qui me connaissent bien, parce que tous ceux qui viennent en Europe, me rencontrent et voient ce que je fais.
J’ai eu l’opportunité de faire le conservatoire en Guinée, avant de le faire en Europe. J’ai appris d’abords à la source avec mes parents la musique traditionnelle. Je suis allé à l’université, j’ai eu l’opportunité de faire l’école supérieur de la musique, j’enseigne même aux européens. Je sais faire la différence entre les différents types de musiques.
Donc je sais combien de fois c’est important de rester les pieds sur terre dit-il N’faly Kouyaté.
Propos recueillis par Ibrahima Bah pour guineeculturemagazine.com