La deuxième édition du festival Miaraka a ouvert ses portes ce lundi 13 septembre, dans la capitale Antananarivo. Miaraka (« Ensemble », en français) unit sur scène artistes en situation de handicap et artistes valides, et mêle danse contemporaine, musique ou encore art mural. Une initiative pour promouvoir la créativité et le talent des personnes avec un handicap qui ont encore trop peu de place sur scène, estiment les organisateurs.
De notre correspondante à Antananarivo, Lorsqu’il monte sur une nouvelle scène, Nampoina Rakotoarivelo analyse l’espace qu’il doit maîtriser pour révéler son art. Danser sans voir est devenu une force pour cet artiste de 27 ans. « Sur scène mon handicap se transforme en une énergie, explique-t-il. En particulier quand je danse avec quelqu’un qui voit. Cela crée un petit challenge parce que moi, je ne vois pas et je me dis : « On va montrer au public ce que l’on sait faire ». Et ça plaît beaucoup à chaque fois. »
Des performances qui déconstruisent les clichés : « Quand je danse, ce que je ressens, c’est la confiance en moi, poursuit Nampoina Rakotoarivelo. Je montre aux gens qu’on est comme les autres. On peut dépasser la limite qu’ils s’imaginent. C’est toujours le premier message que je transmets dans mon spectacle. C’est une lutte que je mène dans le monde de l’art parce qu’au quotidien, on ne fait pas beaucoup de bruit mais à travers la danse, je peux montrer que nous, les personnes en situation de handicap, nous sommes capables d’agir. »
Handicap, culture et croyance
À l’origine de ce festival, se trouve la danseuse et chorégraphe Lovatiana, à la tête de la compagnie du même nom depuis 2002. Une compagnie composée de danseurs en situation de handicap et de personnes valides.
« Il y a des propositions artistiques régulièrement dans l’année, souligne Lovatiana. Mais il y a un manque d’intégration de personnes en situation de handicap. Là, on peut voir le résultat. On n’en est qu’à la deuxième édition mais on voit quand même déjà une grande évolution en matière de comportement des gens vis-à-vis du handicap. Dès qu’on annonce tel ou tel spectacle inclusif, les gens répondent favorablement à notre appel. La question du tabou et du handicap, c’est par rapport à la culture ou à la croyance dans certaines régions, ce n’est pas partout à Madagascar. Mais ça a déjà beaucoup évolué je pense. Justement, ce genre d’initiative permet de changer ce point de vue par rapport au handicap. Tel ou tel handicap d’une personne ne l’empêche pas de réaliser des choses à sa manière et à son propre rythme. »
Des spectacles de danse, des ateliers de musique, d’art mural, de braille ou encore de langue des signes gratuits et ouverts à tous ont lieu jusqu’à vendredi 17 septembre.
Avec RFI