Investir n’a jamais été le maillon fort des différents ministres qui se sont succédé à la tête du département de la culture en Guinée. Pourtant, tout part de là. Qui parle du développement culturel et économique, parle impérativement de grands chantiers. Investir dans la culture passe désormais pour un placement d’avenir.
Mais en Guinée, cette notion peine à être comprise. Depuis 1984, la culture a toujours été considérée par le pouvoir de Conakry comme une charge réduite à des dépenses qualifiées d’improductives et de superflues. Jamais, il n’a pris l’initiative de faire de gros investissements culturels. Contrairement aux nombreux autres pays africains comme le Nigeria, le Ghana, l’Afrique du Sud et bien d’autres qui ont vite compris les enjeux, la culture y est réévaluée comme un vecteur de croissance contribuant à la dynamique de l’économie, au point de devenir un élément réducteur de chômage et pourvoyeur de grandes richesses.
Par contre, en Guinée par exemple, l’arrivée du libéralisme « sauvage » a tout chamboulé. La culture guinéenne qui brillait de mille feux a perdu tout son charme avant de connaitre une véritable dégringolade : les permanences bradées, les théâtres nationaux et orchestres fédéraux dissous avec toutes leurs gloires.
La Guinée est aujourd’hui l’un des rares pays ne disposant pas de palais de la culture. Le fameux projet qui suscitait de l’espoir en Guinée est « la construction du Palais de la Jeunesse et de la Culture » pilotée par Moustapha Naité en 2014, à l’époque, ministre de la Jeunesse. La maquette de ce bijou national a été même présentée à la presse.
Malheureusement, ce projet gigantesque a souffert d’un manque de volonté politique pour sa mise en exécution. Le coût d’investissement de ce projet était évalué à hauteur de 80 millions d’euros. Le financement a été même acquis de la société : Financial & Management et Services. Le remboursement allait se faire sur une période de 22 ans avec un taux d’intérêt de 1% et 4 ans de grâce. Le PNUD avait payé 70 mille euros pour les études de faisabilité et de définition qui ont duré 3 ans.
Ce palais allait surplomber la Commune de Ratoma et contenir 9 salles polyvalentes et modulables, des studios d’enregistrement et de répétition, aussi des pôles d’accueil, d’expositions et de stockage. Ce fut un projet très ambitieux mais par manque de détermination des autorités, la jeunesse guinéenne n’a pas pu bénéficier de cette infrastructure.
En attendant un autre projet, les acteurs culturels vont devoir continuer d’organiser dans la grande salle du palais du peuple qui est uniquement conçue pour les Congrès et non pour les spectacles.
Par ailleurs, la culture guinéenne a urgemment besoin d’espaces de création et de production pour son épanouissement. Pour ce faire, il faut un moyen financier conséquent. En 2016, le ministère en charge de la culture avait un budget d’investissement de seulement 800 millions de francs guinéens. Y’a-t-il eu de la amélioration les années qui ont suivi ? L’on en sait peu. Face aux grands défis liés aux infrastructures, il va donc falloir que le ministre d’Etat Bantama Sow et son cabinet se bougent véritablement !
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